Les systèmes agroforestiers à base giroflier à Madagascar

Le rôle des SAF à base de giroflier vis-à-vis de la performance globale des systèmes de culture (y compris la production vivrière et la sécurité alimentaire) à Madagascar, premier exportateur de girofle.

Madagascar est le premier exportateur de clous de girofle, même s'il est le deuxième plus grand producteur après l'Indonésie. Le girofle est la deuxième valeur des exportations du pays, derrière la vanille. Toute la production se fait par les petits agriculteurs pour qui elle est la principale (même souvent la seule) des ressources financières pour de nombreuses exploitations familiales de la côte Est de Madagascar. La production de girofle s'étend sur 80 000 ha et représente la principale source de revenus pour près de 30 000 agriculteurs. 

Deux produits sont issus des girofliers :

  • Le clou (boutons floraux cueillis avant floraison) utilisé pour aromatiser les plats et en confiserie.
  • L’huile essentielle, extraite par distillation à partir des clous, des feuilles et des griffes. Elle est riche en eugénol utilisé dans l’industrie cosmétique, pharmaceutique (antiseptique efficace) et sert à la production de vanilline de synthèse.

En 2010, une enquête dans le district de Fénérive par le CTHT a montré qu'environ 65% des champs de giroflier sont des systèmes agroforestiers (10% sont des SAF pures, et 80% sont des SAF partiels dans la région de Sainte-Marie). Parmi ceux-ci, 60% sont des SAF simples, avec le giroflier associé à une ou deux cultures vivrières (riz, manioc, ananas ...), et le reste (40%) sont des SAF complexes associant des arbres fruitiers (jacquier, litchi, arbre à pain, agrumes ...) avec des espèces forestières (bois de feu et le bois). Les exploitations agricoles ont des niveaux variables d'accès aux intrants et des productions diverses. De ce fait, les niveaux de revenu sont très variables. Les systèmes de cultures simples sont le plus souvent cultivés par de jeunes agriculteurs dynamiques, alors que les SAF complexes sont plus souvent cultivés par les producteurs âgés qui semblent favoriser une forme de sécurité. Les systèmes actuels sont les résultats d'une évolution historique de plantations pures vers des SAF ayant divers degrés de complexité en fonction des situations locales. La replantation est très récente.

Le projet réalisera des études de recherche participative au sein d'un réseau de fermes de référence pour co-construire avec les agriculteurs, des systèmes novateurs en vue de comprendre: (i) le rôle des SAF dans les exploitations agricoles en analysant leur rôle économique et social, et (ii) le fonctionnement du giroflier et l'impact des systèmes de culture sur la qualité de clous de girofle et de l'huile essentielle de girofle. Cela devrait aider à mieux comprendre les attentes des producteurs et les moyens à mettre à leur disposition. En effet, à notre connaissance, l'impact des contraintes (ombrage, autres ...) sur la qualité des produits finaux n'a pas encore été évalué, alors que le système de tarification de clous et huile de girofle prend en compte certains paramètres de qualité. Ces études sont maintenant nécessaires, car ils semblent profondément liée à une réflexion partagée avec tous les intervenants dans le secteur sur l'identification des paramètres de qualité à développer et les moyens disponibles pour parvenir à la qualité. Les résultats d'une telle approche peut encourager les agriculteurs à modifier leurs systèmes agricoles (gestion des cultures et post-récolte), ce qui permettra une réelle amélioration de leur niveau de vie.

La composante malgache de ce projet viendra compléter une étude lancée par l'IRD et CTHT sur l'analyse de l'empreinte carbone des exploitations agricoles dans la côte Est de Madagascar. Il viendra également compléter la recherche sur l'impact du changement climatique sur les systèmes culturaux, en particulier sur l'évolution nécessaire des SAF de mieux résister à l'augmentation de la fréquence des épisodes cycloniques sur la côte Est de Madagascar. Enfin, en 2010, le réseau Qualireg dirigé depuis La Réunion a lancé une enquête sur la côte Est de Madagascar afin de faciliter la mise en œuvre d'un processus de label de qualité pour les épices (clou de girofle, y compris), en particulier grâce à l'identification des attentes du marché.