Les systèmes agroforestiers à base cacaoyer au Cameroun

Le rôle des SAF à base de cacaoyer vis-à-vis de la performance globale des systèmes de culture (y compris la production vivrière et la sécurité alimentaire) au Cameroun, cinquième producteur mondial de cacao.

Au Cameroun, le cacao est le premier produit d'exportation après le pétrole. Il représente maintenant environ 25% de la valeur totale des exportations du pays. Il est cultivé dans 7 des 10 régions camerounaises et couvre une superficie d'environ 400.000 hectares. Il fait intervenir 600.000 producteurs et près de 8 millions de personnes vivent directement ou indirectement de l'économie cacaoyère. L'augmentation de la production cacaoyère figure parmi les objectifs fixés par le gouvernement pour améliorer cette croissance économique, afin de relever le faible pouvoir d'achat de la population rurale grâce à une économie forte et durable.

Le cacaoyer est une culture originaire des sous-bois, et est généralement cultivé dans des systèmes agroforestiers (SAF) extensifs, qui ont une densité plus ou moins forte d’arbres d’ombrage . Au Cameroun, de nombreuses études ont permis de décrire les SAF à base de cacaoyer du point de vue agronomique (Jagoret, 2011), écologique (Sonwa, 2001 ; Snoeck, 2009) et socio-économique (Gockowski, 2010). Ces études montrent que les systèmes traditionnels représentent une source importante de biodiversité et peuvent se maintenir sur de très longues périodes sans dégradation des conditions de culture (Jagoret, 2009). En revanche, ils sont peu productifs (± 300 kg de cacao marchand /ha /an) et ne permettent pas d’assurer aux planteurs des revenus suffisants. La faible productivité est l’une des causes du faible niveau d’adoption des acquis de la recherche cacaoyère par les planteurs.

Un autre inconvénient de l’utilisation des fortes densités d’ombrage est le développement des maladies fongiques qui est d’autant plus marqué que les planteurs ont peu accès au matériel végétal sélectionné résistant et productif.

Très peu d’études ont été réalisées directement avec les planteurs pour tester avec eux des solutions leur permettant d’augmenter la performance de leurs systèmes sans perdre l’équilibre écologique. L’objectif du projet est d’appuyer les chercheurs et les planteurs à développer des systèmes de cultures plurispécifiques originaux qui optimisent le rendement des cacaoyers et des espèces associées afin de trouver l’équilibre qui leur permettra d’obtenir un revenu décent sans compromettre l’équilibre écologique qui est aussi nécessaire car il assure la durabilité de leurs SAF. Pour cela, le projet s’appuiera sur le réseau de 168 plantations pilotes de SAF innovants conduites chez les planteurs de cacao depuis 2005 par l’IRAD.

Ce projet sera complémentaire du projet CORAF qui compare les avantages et inconvénients entre productivité et biodiversité dans les SAF à base de cacaoyers très ombragés du Cameroun avec ceux de Côte d'Ivoire et du Ghana qui sont très peu ombragés.